Attention, cet article risque de faire hurler les femmes
L’orgasme a tout foutu par terre (« foutre par terre » : expression de vieux français désignant l’acte de balancer la semence hors du vagin pour éviter la grossesse. Existe aussi en « foutre en l’air »). Pour ce petit cri à la con poussé après des efforts intenses, parfois stériles, et souvent ridicules (on peut friser l’apoplexie, voire l’infarctus), on a déséquilibré les rapports hommes / femmes. Avant, le mâle dominait la femelle. Aujourd’hui, si monsieur ne fait pas jouir Madame, Monsieur est un nul, un goujat, une tapette, un salaud, un fasciste.
Tenu aux couilles par ce chantage odieux, l’homme est devenu dominé, du coup il bande moins bien (c’est Wolinski qui l’a dit), et les nanas sont logiquement pas contentes.
Conclusion : non à l’orgasme ! Libérons-nous de l’orgasme ! Libérons-nous de cette fausse libération !
L’ORGASME OU LA HONTE
La course à l’orgasme a introduit la notion de performance dans le couple. Adieu la tranquillité, la détente, quand on fait l’amour. L’accouplement entre un homme et une femme est devenu un défi sportif, largement nourri par les films de cul, tous basés sur la performance athlétique : pénétration, double pénétration, triple pénétration… triolisme, gang bang, douche de sperme… Sur internet traîne encore une vidéo historique de 2 minutes représentant un travelo se faisant fister par… 3 bras !
Conséquence aussi logique qu’absurde de la course à l’orgasme, à la perf, à l’efficacité maximale, à l’exploit.
Comment a-t-on pu accepter d’introduire une telle pression dans les rapports sexuels ? Le taylorisme, la rentabilité a contaminé le paddock. La névrose de la comptabilité, avec ses centimètres et le nombre de coups tirés, a lentement mais sûrement déglingué la baise libre, sans pression, à l’arrache, dénuée d’arrière-pensées. Voici venu le temps de la culture du résultat. Bientôt un spécialiste pour juger de l’efficacité d’un rapport ? Un orgasmomètre ?
Les années 70 ont débarrassé le sexe du carcan de la morale. Bien. Tout le monde baise avec tout le monde, pourquoi pas. 30 ans après, le libéralisme impose un nouveau carcan, appelé poétiquement et ingénieusement « orgasme ». Derrière, se profile, comme toujours, quelque chose de très politique…
Combien de mecs se sont escrimés, harassés, perdant des litres de sueur, à guetter sur le corps de leur partenaire les signes qui ne trompent pas du plaisir, perdant en route ce laisser-aller, cet abandon qui fait le bonheur, et l’efficacité réelle de l’accouplement : points ou taches rouges autour du coup, tétons dressés, contractions vaginales, petits cris de souris, ou d’ânesse, morsures aux bras, griffures dans le dos, grossièretés (« salaud, espèce de salaud »), encouragements (« plus fort, viens, gros chien »)…
Oublions l’orgasme, et toutes les obligations qu’il charrie, et baisons l’esprit libre, sans penser à donner du plaisir. Quand on aime ça, on en donne et on en prend. L’orgasme naturel viendra tout seul. Est-ce que le paysan tire sur le blé pour qu’il pousse plus vite ? Non, ben c’est la même chose.
LE NOUVEL ORDRE SEXUEL
Des andouilles inconscientes font l’apologie du plaisir-roi. Résultat, ils bousillent ce qu’il reste de plus précieux, de plus fragile dans la société capitalistique moderne : le couple, l’intimité. Quand on lit les ouvrages de cette « sociologue » franco-italienne Marcela Iacub, on tombe des nues. Croyant œuvrer pour la libération des corps et des âmes, cette inconsciente participe au cheval de Troie de la destruction pornographique de l’intimité. Le « jeveuxjouir » puéril, le « mon orgasme » capricieux, sont devenus la nouvelle norme. Ceux qui s’y opposent sont des pisse-froid, des maljouissants, des cathos coincés, et autres niqueurs… d’ambiance.
Un jour, sur un plateau de France2, se sont retrouvés face à face (Charles) Millon et (Catherine) Millet. La gentille salope cool parisienne de gauche qui baise avec tout le monde et le grand méchant catholique de droite provinciale qui prône la fidélité. Pas question de se laisser enfermer dans le piège suivant : choisir entre le trou qui pense et le retour au Moyen-âge. Le gang bang ou l’amour à la papa. La « réaction » a été très habilement instrumentalisée pour réduire à néant les adversaires du tout-jouir. Qui peut s’opposer à la liberté ? Qui a la finesse conceptuelle pour déconstruire le discours dominant culpabilisateur ? Pas vraiment le pape (l’abstinence), ni les tenants de l’amour courtois (le romantisme), ou les partisans du sexe vieille France (« madam’ suffit »).
Donc, dire merde à ces « libérateurs » autoproclamés ne fait pas de nous des intégristes réactionnaires opposés à toute sensualité. C’est justement pour préserver la sensualité et son innocence qu’on essaye de chasser ces marchands… du temple qu’est le corps. Ouste, dehors avec vos manuels de libération qui puent la performance et la marchandisation, le porno et le pognon ! Bande d’enculés, vous faites du tort et du mal à l’amour !
Merde à ceux qui obligent les mecs à baiser dans l’ordre : 1 je caresse 2 je lèche 3 je pénètre 4 je fais jouir 5 je jouis. Un véritable règlement interne ! C’est l’armée ou quoi ? Et si l’on doit baiser 30 secondes, et si madame est pas contente, tant pis, c’est pas affaire d’efforts, mais d’amour et de désir. Si madame est pas contente, qu’elle aille voir ailleurs. Sinon, la frustration est bonne pour monter le désir. Et ça sera mieux la fois suivante, baste ! Et pareil pour monsieur. Si madame réclame son orgasme, qu’elle se branle devant Derrick, on n’est pas au turbin. Le cul, c’est fait pour se détendre, s’amuser, et éventuellement, jouir. Mais c’est pas une obligation. Pas la peine de se rendre malade pour si peu. On redoute la loi qui rendra l’orgasme obligatoire. Et c’en sera vraiment fini de notre liberté.
L’ORGASME EST UN MARCHE, DONC UNE ARNAQUE
Qui tire bénéfice de cette course au résultat ? Tout le big business du cul, à commencer par les thérapeutes, sexologues, conseillers pseudo qualifiés, popologues autodésignés, gourous à deux balles, écrivains ou romanciers titillés par le(ur) fion, journalistes de canards féminins qui nous expliquent l’importance de l’orgasme dans l’équilibre du couple… tu parles ! On impose la norme de l’orgasme obligatoire uniquement pour créer de la frustration, de la demande, de l’angoisse, et ensuite faire douiller pour résoudre tout ça.
L’orgasme obligatoire c’est le libéralisme économique appliqué aux rapports intimes.
Et si la frustration était une bonne chose ? C’est bien par frustration sexuelle que d’immenses choses ont été réalisées. Tandis que l’orgasme n’a jamais rien construit. C’est même l’inverse. C’est souvent à cause de lui que des couples solides ont dépéri, ou sombré. L’orgasme, c’est l’égoïsme, la contrainte là où elle ne doit pas être. C’est comme si on te foutait des claques pendant la sieste pour que tu dormes !
Vous l’aurez remarqué, aujourd’hui, l’orgasme est devenu une revendication féminine, féministe, mais surtout un moyen de tenir, de rabaisser, et de se venger des mecs. Tu ne me fais pas jouir ? Je vais te tromper. Tel est le deal non dit qui traîne en filigrane de pas mal de couples modernes. C’est pour ça qu’on voit tant de mecs paumés, menteurs, ou dopés sur les sites de rencontres ou les chat. Des mecs déboussolés qui se demandent comment faire hurler à la mort leur partenaire. Hé, les gars, réveillez-vous, et ne marchez pas dans la combine ! Si jamais vous faites hurler madame, le système trouvera autre chose pour vous rabaisser, frustrer madame, sinon il perd sa justification !
Celui qui consulte le psy ou le médecin parce que madame ne prend pas son pied est un couillon. Madame n’a qu’à se branler, si elle veut jouir. L’orgasme jaillira en temps voulu, s’il doit jaillir, sinon, pas la peine de tirer dessus, de se bourrer de médocs, cames, ou autres facilitateurs chimiques.
Le chef de la mafia de Miami des années 60, comme le raconte l’odieux James Ellroy, passait son temps à se faire sucer par des putes. En bossant, en jouant au poker, en discutant, ce vieux sage avait décidé de désobéir au diktat du plaisir féminin. Des suceuses, il en avait compté plus de 3000, et ne s’emmerdait plus à baiser, et donc à penser au plaisir de l’autre. A quoi sert d’être obsédé par le plaisir de l’autre si c’est pour oublier le sien ? Rien de tel qu’un bon vieil égoïsme… partagé ! Un égoïsme qui déborde, voilà l’altruisme véritable. Et n’oubliez pas : les femmes aiment aussi qu’on les prenne sans objectif, juste pour le… plaisir.
par David Zar-Ayan
Une version un peu abrégée de cet article a été publiée dans l'Echo des Savanes sous le titre « Norme sexuelle : La dictature de l'orgasme ». L'article repris ci-dessus est la version originale mise à disposition par l'auteur-même.
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